Il faut lire les epopées. On a besoin de la litterature épique du Moyen Âge pour stopper la dérive à laquelle Instagram est en train de nous condamner.
On le sait: nous vivons dans une societé de plus en plus individualiste et égoïste où le “moi” est en train de devenir le seul critère de valeur (avec l’argent). Nous sommes la societé des social network, la societé des images et, surtout, de l’image de nôtre ego. Nous sommes fait a nôtre propre image: voilà le selfie. Nous pensons toujour à nos emotions, à nos soucis et c’est ça la raison de nôtre angoisse. Blaise Pascal disait vrai quand il disait que «Le moi est haïssable». Et donc? Quelle peut être la solution à nôtre condition présente?
Les epopées du Moyen Âge (la Chanson de Roland, le Cantar de mio Cid, Beowolf) ne parlent pas des emotions et ne sont pas centrées sur le moi: elles sont plutôt centrées sur la troisième personne, elles peintent un monde, des événements. On ne vois pas un poète, un ego qui se mit en scène: le moi s’éclipse pour faire place aux personnages et au monde. Nous avons perdu cette modalité de regarder au monde extérieur, cette attitude épique de non-implication. Si nous persistons avec l’attitude à représenter et à dramatiser nos conflits endogènes sur les écrans de nos smart-phones, tout en oubliant les conflit exogènes du monde, nous deviendrons rien d’autre que sept milliards de narcissiques tous seuls réunis sur une grosse pierre morte. Cependant, lire les epopées peut nous apprendre cette perception alternative de la réalité.
Nous avons aussi besoin des epopées car nous avons besoin des peuples. Selon Hegel l’épique correspond à l’expression première de la conscience d’un peuple; le lyrique au contraire advient lorsque le moi individuel se sépare du tout de la nation. Aujourd’hui on a perdu la conscience de faire partie d’un peuple et d’une culture et donc on peut dire que, dans un sens, nous vivons dans un monde lyrique. Trop lyrique! Nous allons à la salle de sport parce-que c’est là où nous allons bien (et nous devons prendre un selfie pour le prouver). Nous versons des larmes de crocodile pour les raisons les plus futiles. Nous sommes toujour concentrés sur nos désirs, nôtre soif, nôtre appétit, nôtre future, nôtre passé, ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas. Mais les epopées nous apprennent que on se sente bien seulement dans une communauté. Dans une communauté, où on peut se reconnaître, on peut se retrouver dans des valeurs communes et affirmer nôtre identité face aux défis du monde contemporain. Dans une communauté nous pouvons oublier nous-mêmes. Le problème majeur de la jeunesse européenne d’aujourd’hui est que elle ne se connaît elle-même et la raison de ça est que, paradoxalement, elle n’est pas capable de ne pas penser seulement à soi-même. Selon Hegel les epopées racontent toujour un épisode «lié au monde en lui-même total d’une nation ou d’une époque», dont elles constituent «les véritables fondations de la conscience». Bref: il n’y a pas de conscienses s’il n’y a pas des peuples, s’il n’y a pas un monde à regarder.
«Et pourquoi le Moyen Âge?», quelqu’un pourrait demander. Parce-que, en premier lieu, c’est l’époque de la naissance des modernes nationalités européennes et, ensuite, parce-que c’est l’époque du anonymat. En effet on ne sait pas qui a écrit la Chanson de Roland, le Cantar de mio Cid ou Beowolf: on sait seulement le nom des héros dont ils parlent. De cettes histoires on apprende que un héros est quelqu’un qui fait des sacrifices mais il n’y a pas quelqu’un qui nous dit que nous les devons faire: tout est narré dans l’anonymat, un sublime anonymat. C’est ne pas, en somme, une Instagram story, c’est la littérature épique! Nous avons besoin de sortir de nous-mêmes. Vous n’étiez pas envie de sentir à quel point l’anonymat peut ête libérateur? Ne connettez-vous pas à Instagram. Choisissez l’un des trois livres. Et lisez.